Dans le but d’arrêter les suites numérotées pour ses plus grosses licences, Ubisoft ne nous livre pas de Far Cry 5 en ce début d’année 2016, mais un épisode complètement à part se déroulant pendant la préhistoire. Far Cry Primal en profite-t-il pour faire table rase des mécaniques de jeux parfois éculées des anciens opus et d’autres séries de l’éditeur français superstar ? Verdict dans notre test réalisé sur PC via une version dématérialisée offerte par notre partenaire Gamesplanet qui vous propose d’ailleurs le jeu à la vente avec une petite réduction.
Moi Takkar, moi pas beaucoup parler
Une fois n’est pas coutûme, nous commencerons ce test de Far Cry Primal par son plus gros défaut : son scénario. L’histoire du jeu n’est pas mauvaise, pour la simple et bonne raison qu’elle est quasi absente. On commencera l’aventure en voyant notre tribu se faire maltraiter par un tigre à dents de sable, le genre de bestiole qui voit de la viande fraiche d’aussi loin qu’un célibataire en boite de nuit, pour finalement rencontrer une bombasse de l’époque qui manque de se faire raccourcir les membres par une autre créature affamée. En lui sauvant la vie, on décidera très rapidement de s’allier avec elle et de faire tout notre possible pour réunir une grande fratrie dans un campement qui deviendra du coup de plus en plus vaste et évolué. Ensuite ? C’est à peu près tout, malheureusement, avec un Far Cry Primal qui expédie toutes les politesses scénaristiques en une petite trentaine de minutes pour laisser place à de courtes histoires livrées par les différents PNJs qui seront aussi vos maitres de quêtes.
La série Far Cry n’a jamais vraiment brillé par des scénarii hors normes, mais Far Cry 3 et Far Cry 4 mettaient quand même en avant un fil d’Ariane qui nous rappelait souvent pourquoi nous étions là. Dans Primal, on a l’impression d’être vite abandonné à notre propre sort, pour mieux parcourir le monde du jeu qui propose mille et une manière de s’amuser pour repeupler notre tribu et faire prospérer son campement. Nous terminerons ce petit tour scénaristique en abordant les personnages secondaires du jeu, qui possédent un peu de charisme pour certains, mais qui ne sont pas assez exploité à notre goût, notamment le sorcier fou qui nous fait faire des périples hallucinogènes énormes. Bref, vous l’avez compris, le scénario et la narration de Far Cry Primal sont décevantes, pour un FPS qui tire son épingle du jeu dans bien d’autres secteurs heureusement.
Grande plaine qui fait joli aux yeux
Un Far Cry ne peut pas être moche. Impossible. Depuis sa naissance sur PC en 2004 avec pour seul et unique développeur Crytek, Far Cry a toujours été une tuerie visuelle qui nous a fait visiter des environnements très différents à chaque épisode. Ubisoft assure autant que Crytek, et Far Cry Primal ne déroge pas à cette régle en utilisant un Dunia Engine 2 capable de vraiment faire des merveilles graphiques. Que l’on joue sur PC, PS4 ou Xbox One, on s’émerveillera assez souvent devant des panoramas magnifiques d’un monde fait de grottes (et oui, des hommes préhistoriques ça ne vit pas dans un HLM en poterie peintes à la main !) et d’une végétation luxuriante qui laisse par moment filtrer uniquement quelques rayons de soleil pour un résultat bluffant. Far Cry 4 était magnifique, mais les environnements neigeux sont vraiment supplantés par cette map qui varie les plaisirs.
Bien entendu, si vous jouez sur un PC puissant, vous aurez encore plus de détails, une volumétrie plus épaisse et divers effets graphiques qui devraient ne pas vous faire regretter d’avoir acheté une bonne carte graphique. On pourra quand même légèrement chippoter sur des tons un peu trop marrons / rougeâtres / ocres dans certaines grottes et caves, ou encore un aspect un peu laiteux des environnements lointains, qui ne manqueront pas d’interpeller certains joueurs perfectionnistes. Autre fait qui est maintenant avéré, Far Cry Primal et Far Cry 4 partage la même map. Est-ce gênant ? Absolument pas ! Les deux univers étant tellement différents, vous ne vous rendrez compte de rien, même si vous venez juste de prendre une bière avec Pagan Min. Non, visuellement parlant, Far Cry Primal envoie du lourd et varie énormément les plaisirs, aucun doute la dessus. Et côté gameplay, c’est fun la préhistoire ?
La question du downgrade de Far Cry Primal ne se pose même pas !
Moi Takkar taper méchants méchants
L’une des craintes des joueurs lorsque Ubisoft annonçait (tardivement) Far Cry Primal fin 2015 était l’absence d’armes à feu et de vehicules pour se déplacer dans un open-world. Cette crainte était infondée, puisque Takkar trouvera rapidement de quoi se faire respecter en termes d’armes naturelles qui sont suffisamment destructrices pour se sortir de mauvais pas. Gourdins, arc, lances, autant d’atouts qui feront mal lors des affrontements contre les animaux sauvages et les sauvages humains, sans compter sur une feature énorme de Primal : la possibilité de dompter des bestioles. Plus vous avancerez dans l’aventure, plus vous serez capable de charmer des grosses bêtes, pour finalement pouvoir monter un Mammouth Laineux ou ordonner à un ours d’aller défoncer la tronche des vilains gardes qui vous empêchent de prendre un point stratégique. Et oui, à la préhistoire, les humains d’Ubisoft avaient aussi des tours de contrôles !
En dehors de ce point très caractéristique de la série Far Cry, on trouvera des choses inédites comme beaucoup de craft à faire quand vous vous promenerez dans les plaines et autres environnements de Primal. Le craft aura plusieurs utilités, puisque vous devrez non seulement toujours avoir des matières premières sur vous pour vous défendre, mais en ramener pas mal au campement pour améliorer les huttes des PNJs qui vous donneront des quêtes nouvelles. Entre les matières premières et les longues parties de chasse à faire, vous aurez toujours quelque chose à faire. Quant à l’absence de véhicule, Ubisoft a pensé à tout en permettant toujours les déplacements rapides entre les zones que vous avez déjà découvert. Pas vraiment réaliste, mais diablement pratique.
Toi tourner un peu en rond
Avec un concept de jeu aussi différent, on regrette en revanche que les développeurs n’aient pas profité de pousser plus loin certains point du gameplay et du level design. On pense bien entendu à l’aspect survie et craft de Far Cry Primal, qui aurait pu aller beaucoup plus loin pour par exemple nous laisser construire de belles cabanes un peu partout, pour en faire des lieux sécurisés aptes aux déplacements rapides. Cela aurait été un peu plus crédible que de prendre des points stratégiques peuplés d’ennemis, et aurait donné encore plus d’intérêt au craft de ressources naturelles et bestiales. Autre point qui plombe un peu le fun sur la durée, la disposition des quêtes. Ubisoft a un peu cédé à la facilité en disposant plusieurs PNJs sur la map du jeu qui livrent des quêtes qui sont un peu toutes secondaires, et donc non rattachées à une histoire de fond. Ce scénario raplaplat provoque donc une double peine assez dérangeante, pour un Far Cry Primal qui tourne un peu trop vite en rond.
Entre les quêtes FedEx et les séances de craft intensives, une routine s’installe assez vite, point faible déjà mis en avant dans Far Cry 3 et Far Cry 4 qui souffraient d’une répétitivité certaine passé les 10 / 15 heures de jeu. Ubisoft prend des risques en exploitant un univers rarement abordé dans l’industrie des jeux vidéo, avec une licence archi connue qui se tourne vers des horizons un peu plus exotiques, ce qui fait du bien. Mais la prise de risque aurait pu être plus forte pour découvrir un Far Cry Primal plus ambitieux encore, qui ne retombe pas dans des travers rencontrés dans beaucoup de productions de l’éditeur.
Nous aimer Primal !
Malgré ces quelques reproches, ne nous méprenons pas sur la marchandise, Far Cry Primal est un bon jeu. S’il risque de ne pas plaire à ceux qui jouaient à la série pour son côté armé et motorisé, point qui ne nous a pas du tout manqué ici, Primal saura très certainement parler aux joueurs recherchant une exploitation d’un FPS open-world différente de ce qui se pratique depuis quelques années. Un bon divertissement qui profite de graphismes magnifiques, d’un gameplay agréable, de très bonnes idées, mais qui aurait pu aller plus loin dans ce qu’il propose, notamment côté scénario et répétitivité de l’aventure. Attention quand même à ne pas trop rétrograder une série qui perd deux points à chaque nouvelle sortie depuis l’excellent Far Cry 3 qui reste à ce jour le meilleur opus avec le tout premier…
Verdict : 14 / 20