Depuis que Take Two a annoncé une augmentation du prix de vente des jeux dans le courant de l’été 2020, la mauvaise nouvelle a surtout pris de l’ampleur avec la communication de Sony sur les exclusivités PS5, toutes vendues 80€. L’augmentation de 10€ des jeux PS5 et Xbox Series X/S des éditeurs tiers est-elle justifiable et logique ? Une petite analyse s’impose.
Le prix des jeux au cours de l’histoire
Nous avons souvent tendance à l’oublier, mais le prix des jeux vidéo a souvent été élevé, surtout si nous prenons en compte l’inflation. Ainsi, les jeux vidéo d’antan coûteraient, aujourd’hui, par plateformes, les tarifs suivants :
– 1990 : 115€
– 1995 : 80€
– 2000 : 90€
– 2005 : 83€
– 2013 : 75€
Comme vous pouvez le constater, les jeux n’ont jamais été aussi peu chers si l’on prend en compte l’inflation de notre monnaie. C’est même plutôt l’inverse : les jeux vidéo voient leurs prix baisser en globalité, ne représentant plus une aussi grosse part des revenus des consommateurs qu’avant. Sur le graphique ci-dessous, il est d’ailleurs intéressant de voir que le prix des jeux vidéo sont généralement plus élevés en début d’une nouvelle génération, pour baisser petit à petit au cours de la vie d’une console si l’on ne regarde que l’inflation.
Evolution du coût de production d’un jeu AAA
Ce n’est un secret pour personne, le coût de développement des grosses productions (AAA) a littéralement explosé. Sur la génération 16-Bits (Super Nintendo et Megadrive), quand un gros titre coûtait entre 50 000 et 300 000$ à être produit, il en coûte aujourd’hui en moyenne 20 millions de dollars, avec des records dépassant parfois les 100 millions.
Des ventes qui stagnent
On pourrait alors se dire que les chiffres de ventes des AAA se vendent mieux en 2020 qu’en 1995, mais en réalité, le marché des jeux vidéo n’a pas tant explosé que cela en termes d’utilisateurs. Si bien qu’aujourd’hui, les jeux plafonnent souvent entre 10 et 20 millions d’exemplaires pour les cartons commerciaux (outre quelques exceptions comme GTA 5 ou The Witcher 3). Les éditeurs ne peuvent d’ailleurs jamais vraiment savoir à combien d’exemplaires se vendront leurs jeux, leur interdisant alors d’établir un budget alloué en prévision du succès de ces mêmes jeux.
Une grille tarifaire modulable ?
Visiblement, tous les jeux ne seront pas vendus 80€ sur PS5 et Xbox Series X/S. Les éditeurs semblent vouloir faire la distinction entre un prix de vente AAA et d’un AA. Il est encore un peu tôt pour vraiment avoir une tendance claire et nette, mais nous imaginons que, comme sur la génération PS4 / Xbox One, seuls les grosses productions seront vendues 80€ sur les boutiques digitales, et 10 / 15 euros de moins en grandes surfaces par exemple.
Ce qu’on en pense
Le gaming a toujours été un loisir onéreux. De l’achat d’une console et de ses accessoires à la construction d’une ludothèque, des centaines d’euros ont toujours été nécessaires pour s’amuser. Nous sommes d’ailleurs assez surpris de voir que les jeux vidéo n’ont finalement jamais été aussi « peu chers » qu’avec cette augmentation à 80€. Il n’est jamais agréable de devoir payer quelque chose plus cher qu’avant, c’est un fait.
Là où nous ne sommes en revanche pas d’accord avec les éditeurs ? Faire payer des Remastered et Remake aussi chers alors que le travail ne réclame pas autant de temps et d’argent selon les jeux. Dans le même temps, les jeux vidéo bourrés de microtransactions et autres Battle Pass devraient être vendus 10 ou 20€ de moins, les boutiques in-game rapportant une mane financière énorme aux éditeurs. Sur un jeu multijoueur ou un free-to-play, les revenus des microtransactions représentent jusqu’à 75% des revenus. D’où la recrudescence de « jeux services » du moment, et des microtransactions dans les free-to-play.
Merci à Raymater55 sur Twitter pour les données