Test de Watch Dogs

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, par Christopher Anciaux (Chris) et Gregoire Charlier (Speedy)

Réalisation technique

17 / 20

Certes, le jeu n’est pas aussi resplendissant techniquement que l’avait laissé imaginer la première vidéo de gameplay montré lors de l’E3 2012, mais Watch Dogs est bel et bien une référence graphique dans le domaine de l’open world. Sans pour autant être parfait, la réalisation technique de Watch Dogs montre enfin que le cap est franchi, du moins pour la nouvelle génération. Il est vrai, certes, que certains environnements sont moins travaillés que d'autres, mais quelques-uns se montrent vraiment resplendissants. Comme tout open-world qui se respecte, on notera un aliasing assez prononcé pour ainsi être remarqué et noté, et quelques moments de clipping, surtout sur consoles. Si certaines textures se montrent très souvent photoréalistes, c’est surtout la modélisation de l’eau qui pourra nous bluffer. S’il faut retenir quelques défauts de cette réalisation technique, ce sont les quelques textures floues ou qui s’affichent en retard, mais rien de bien alarmant.


Si la carte se rapproche plus d’un GTA IV que d’un GTA V en terme de variété, il faut avouer qu’un downgrade graphique a lieu lorsque vous quittez Chicago pour vous tourner sur quelques hauteurs ou quelques quartiers résidentiels.


Notons enfin le travail remarquable d’Ubisoft sur les effets d’éclairage, de fumée et de particules. Dans Watch Dogs, la fumée est criante de réalisme et offre graphiquement un rendu quasi photoréaliste. Certains effets d’éclairage se montrent également à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’un jeu vidéo nouvelle génération avec quelques instants qui vous décrocheront la mâchoire à n’en pas douter. Enfin, même si les arbres adoptent un comportement mécanique et peu crédible, surtout sur consoles, le fait que les feuilles volent quand il y a du vent, que votre manteau adopte un mouvement conforme à l’interaction autour d’Aiden Pearce, offre véritablement un plaisir visuel sans demi-mesure.

 
Si la ville est vraiment très chouette visuellement, le héros n’est pas en reste, la symbiose des deux vous fera prendre conscience que Watch Dogs est bel et bien un jeu next-gen, davantage encore sur PC où les effets se montrent, encore plus que sur consoles, incroyablement travaillés, tout comme la modélisation des visages, clairement exemplaire elle aussi.

Direction artistique

15 / 20

Vous pensiez que Watch Dogs pourrait offrir une diversité à toute épreuve à l’image d’un GTA V ? Détrompez-vous, Chicago restera votre domaine de jeu et il n’est pas question d’aller de campagne en montagne ou encore dans le désert dans Watch Dogs. Certains passages sont un peu plus campagnards mais n’iront pas jusqu’à la diversité environnementale, Watch Dogs se cantonnant uniquement à la ville de Chicago. Cependant, celle-ci n’est pas monotone et la diversité est bien évidemment de mise entre les différents quartiers. On pourrait diviser Watch Dogs par quartier, car si le centre-ville est assez riche et varié, les quartiers aux alentours ont quelque peu tendance à se ressembler et à sentir le copier-coller.

Néanmoins comme expliqué, une ambiance différente est retranscrite tant sur le plan visuel qu’auditif. Ainsi vous pourrez vous retrouver dans des ghettos adoptant un langage très familier gorgé d’insultes, alors que d’autres quartiers plus rupins parlent très peu mais plus correctement. Il est donc intéressant de noter, qu’au-delà de l’aspect graphique, tout un aspect sonore est de mise dans Watch Dogs et la diversité tient aussi rigueur de cela. Nous jugeons par nos yeux et nos oreilles, et même si la partie visuelle aura de temps à autre tendance à sembler monotone, la partie auditive quant à elle apportera régulièrement quelques surprises.


Quelques passages de plages, ou dans les bois, seront les rares moments plus divers de la vie de Chicago. Mais il est vrai que différents quartiers manquent en revanche de vie et la carte aurait gagné en intérêt si moins de quartiers se ressemblaient au profit d’environnements un peu moins citadins.

Level design

18 / 20

A proprement parler, et en ce qui concerne la carte du jeu, nous pouvons situer Watch Dogs comme un compromis entre un GTA IV et un GTA V, ce dernier avec la diversité en moins… Sans pour autant vous enfermer entre trois buildings et deux carrefours, la ville de Chicago fourmille d’une réelle vie en son sein avec ses passants à foison, leur vie de tous les jours, leurs comptes en banque qu’il est possible de pirater…


Puisque oui, nous pouvons presque tout hacker dans Chicago. Comme on pouvait s’y attendre, on ne peut pas entrer dans tous les bâtiments, seulement quelques magasins vous étant accessibles. Et si vous pensiez pouvoir hacker une serrure pour cambrioler toutes les maisons, c’est malheureusement impossible. Cependant, énormément de systèmes peuvent être piratés : on pense notamment aux bornes ou encore au métro, puisque ce dernier s’arrêtera à la station où vous vous situez pour ainsi échapper à vos ennemis.

Bien évidemment, si l’envie de vous balader vous chatouille, rien ne vous empêche de siroter un bon cocktail en vous baladant dans Chicago. La ville est ainsi construite pour que vous soyez maître de celle-ci, et pour que votre talent de hacker vous soit utile à chaque coin de rue. L’espionnage n’est plus un rêve vidéoludique, on peut dorénavant s’en donner à cœur joie : plus rien n’aura de secret pour vous, et vous pourrez, comme bon vous semble, vous dévouer à être le justicier de la ville ou le plus gros pirate informatique du siècle.


Question intelligence artificielle, on souffle le chaud et le froid dans Watch Dogs. Si globalement les ennemis ne sont pas nés de la dernière pluie et sauront vous contourner par moment de manière habile pour vous tuer, d’autres situations sont tous bonnement dignes des défauts récurrents des jeux d’infiltration. Il faut savoir tout d’abord que vous restez à la merci de vos ennemis pendant que vous hackez des caméras. Si tantôt ceux-ci vous trouvent et que vous êtes à quelques caméras de distance, cela n’empêche en rien le fait que vous pourrez mourir. Ubisoft ayant prévu le coup, une simple pression sur la touche de retour vous renvoie directement dans la peau d’Aiden. Si les contournements et les grenades sont souvent bien joués de la part de l’IA, il est quelques fois question d’incompréhensions totales.


Il suffira par moment de déclencher la sonnerie d’un téléphone pour détourner l’attention de dizaines de gardes qui patrouilleront à la moindre gaffe de votre part. Sitôt en situation d’alerte, vous pourrez également faire exploser à distance les explosifs que portent les gardes. Plusieurs bips sont audibles sans que le garde fasse quoi que ce soit, et fasse du coup exploser plusieurs gardes autour de lui. Une sorte de bombe mobile qu’on peut exploser à distance, c’est un peu gros par moment. Toutefois, quelques gardes sont plus doués que d’autres et sauront se séparer de l’explosif pour ainsi les balancer et ne pas se faire toucher, sauf qu’une fois sur deux, cette explosion touche un ou deux autres gardes à distance !

Gameplay

17 / 20

Il est vrai que manette en mains, le plaisir est au rendez-vous et la montée en puissance d’Aiden Pearce au fur et à mesure de l’aventure offre au joueur un sentiment d’emprise total sur la ville vraiment intéressant. Car même si Aiden Pearce n’est pas le protagoniste le plus résistant au monde (quatre ou cinq balles bien placées suffiront à l’achever), il en résulte des alternatives très bien exploitées qui donnent à chaque situation son lot d’adrénaline. Quelques choix s’offrent à vous, à commencer par un bon vieux mode TPS à l’ancienne, où votre téléphone restera dans votre poche et votre M16 sur l’épaule. Même si cette façon de faire pourra vous sortir de certaines situations assez facilement, des alternatives liées au hack relèvent un peu le défi et surtout montrent de quoi le gameplay est capable.


Avec un enchaînement assez facile de hack allant de caméra en caméra, vous pourrez notamment pirater des conduits pour les exploser autour de vos ennemis, créer des diversions avec des objets numériques, détruire les explosifs des ennemis si ceux-ci en sont équipés, le tout avec un système de couverture qui répond vraiment bien. Ainsi, Watch Dogs offre aux gunfights un côté nerveux, mais tout aussi stratégique. L’infiltration est bien évidemment de la partie, et même si un temps d’adaptation aux mécanismes du jeu d’Ubisoft sera nécessaire, il est tout à fait possible de se contenter de rester perché à un endroit stratégique et de pirater vos cibles sans bouger de votre voiture ou du trottoir sur lequel vous étiez gentiment caché.


Autre point fort, les courses poursuites. Même si dans Watch Dogs la conduite n’est pas la qualité première bien que celle-ci se révèle être tout aussi jouissive, on ne conduit pas des savonnettes, bien au contraire. De plus, les voitures sont vraiment très difficiles à détruire, pouvant encaisser 10 à 15 accidents importants sans perdre en puissance. Même si ce n’est pas un problème majeur, la conduite en deux-roues est vraiment ratée, totalement mécanique et sans réel intérêt, faute d’avoir creusé la physique pour les motards, contrairement aux voitures qui ont mérité de bien meilleurs traitements.

 

Dès lors qu’on combine le hack aux courses poursuites, un autre monde s’ouvre à vous puisque pour éliminer vos poursuivants ou bien le poursuivi, énormément de ruses peuvent être établies comme le hack de feux tricolores, de ponts levis, de bornes ou encore de portes de garages pour vous camoufler. Même si vous pouvez vous camoufler dans votre voiture (Aiden Pearce arrêtant la voiture et s’allongeant sur le siège conducteur), vous ne pourrez échapper à certaines poursuites contre la police, par exemple. A tel point que vous connaîtrez, au fur à et mesure de votre progression, quels sont les principaux coins de la ville où emmener vos ennemis afin de les piéger ou de leur échapper.


On se laisse donc porter par ce système d’alternance du gameplay, vraiment bien intégrée à l’expérience Watch Dogs, autant pour les amateurs de TPS brutaux qui pourront se donner à cœur joie tout comme pour les amateurs de nouveautés ou d’infiltration, qui testeront les limites du Profiler (le système de surveillance du téléphone d’Aiden Pearce), et qui,  avec un peu de jugeote et d’expérience, découvriront que les développeurs ont été loin dans cette conception et que ce contexte de hack s’inscrit vraiment entre un gameplay intéressant et un level design très bien réfléchi.


Question multijoueur, Ubisoft nous avait promis un mode online correspondant parfaitement à l’ambiance de Watch Dogs, à savoir la possibilité d’être hacké à tout moment par un autre joueur. Pour ce pari, c’est réussi. En effet, il se peut que vous soyez, entre deux missions, amené à retrouver un autre hacker dans un périmètre donné. Toujours armé du Profiler, la mission se divisera en deux étapes : localiser la cible et la tuer ou neutraliser celle-ci avant qu’elle ne s’échappe. Bien évidemment, le personnage adverse dispose d’un skin, autre que celui d’Aiden Pearce, pour ainsi se camoufler dans la masse de Chicago. Même si les premiers instants de hack online sont assez jubilatoires, il faudra attendre probablement quelques mises à jour du titre pour ainsi étoffer le panel d’actions et de missions à effectuer, étant donné qu’après quelques dizaines de piratages online, vous aurez le sentiment de tourner un peu en rond dans ce mode de jeu.


Enfin, au-delà de ce mode multijoueur qui est l’élément central de l’expérience online lié à Watch Dogs, des courses de voitures, des mini-jeux et autres activités annexes sont bien évidemment de la partie.

Scénario

16 / 20

On ne peut trop en dire sur le scénario sans vous spoiler les parties majeures de celui-ci. Toutefois, Aiden Pearce est un hacker hors pair, qui aime faire des comptes en banque son principal gagne-pain, jusqu’au jour où tout bascule et où un contrat est mis sur sa tête. De ce fait, un piège pendant une balade en voiture éclate et les conséquences sont lourdes pour Aiden Pearce, qui n’aura plus qu’un seul but : la vengeance. Vraiment intéressant à suivre, le scénario ne fait pas dans la prouesse scénaristique mais tient un minimum en haleine le joueur malgré quelques séquences un peu rentrées au chausse-pied. Les personnages secondaires sont vraiment réussis et dégagent un certain charisme, une personnalité forte et des répliques qui font mouche.

Bande sonore

16 / 20

Les plus grands fans de la série Person of Interest risquent d’apprécier la voix d’Aiden Pearce, puisque le doubleur français du héros du jeu d’Ubisoft n’est autre que le doubleur de John Reese dans Person of Interest, à savoir Jean-Pierre Michaël. Ainsi, le doublage d’Aiden Pearce est d’excellente qualité et mérite d’être souligné dans ce test. Rares sont les jeux qui proposent un doublage aussi bien travaillé, même si certains pourront pestiférer sur un langage générique et caricatural de temps à autre. Il n’empêche que Watch Dogs joue la carte de l’affinité et des clichés, avec notamment des insultes provenant des résidents de cités armés jusqu’aux dents, avec des « batards », « connards » et autres insultes.

Cependant, déception du côté des bruitages liés aux armes à feu, souvent trop mous et ayant du mal à offrir un rendu sonore aussi bon que le rendu visuel. Dommage. Même constat pour les véhicules, qui, il faut le dire, ne se distinguent pas par le bruit de leurs moteurs… Notons tout de même les bruitages liés aux courses poursuites, et notamment lorsque vos poursuivants se mangent en pleine mâchoire une borne ou encore un pont levis, rendent vraiment bien et donnent un cachet supplémentaire à l’immersion dans un monde dominé par le piratage. 

Durée de vie

16 / 20

Pléthores d’activités annexes, missions secondaires, autant de compléments possibles à la trame principale de Watch Dogs qui font que sa durée de vie reste assez conséquente pour quelqu’un qui souhaite voir les 100% du jeu. Comptez environ entre 15 et 20h pour finir le scénario principal en ligne droite. Ajoutez à cela les « hacks » online du titre et autres activités annexes et vous pourrez facilement multiplier par deux ou trois la durée de vie. De plus que le mode en ligne et la rejouabilité sont clairement de la partie, même si le mode en ligne aurait quelque peu besoin de s’étoffer.

Verdict

17 / 20

Watch Dogs est-il le jeu qui vous fera craquer pour la next-gen ? Si nous ne le jugeons pas que par sa qualité graphique, bien que très correcte voire impressionnante par moments, les visuels et les phases de gameplay montrés en 2012 tournaient bien sur un PC de la NASA et non sur des PS4 ou des Xbox One. Néanmoins, il en résulte une expérience vraiment intéressante, un gameplay accrocheur et un level design poussé, posant de sacrées bonnes bases pour cette nouvelle franchise.

Watch Dogs, c’est un peu comme le premier opus d’Assassin’s Creed, une toute nouvelle expérience vraiment intéressante, très bien maitrisée dans les grandes lignes, mais qui accuse les défauts qu’on peut retrouver à chaque premier opus d’une nouvelle licence. Watch Dogs est un très bon jeu, nous dirons peut-être un must-have, mais il n’est pas le jeu exceptionnel comme voulait le montrer Ubisoft.

Une question brûle les lèvres et le combat était lancé alors que les deux titres se révèlent être différents. Non, Watch Dogs n’est pas supérieur à GTA V. La plume scénaristique n’est pas du même niveau, le protagoniste manque cruellement de charisme et beaucoup de phases de conduite ratées ainsi que la diversité proposée pèsent énormément dans la balance.

C’est le début probable d’une nouvelle poule aux œufs d’or pour Ubisoft, une licence qui a des sacrés atouts dans sa manche, et qui risque de faire grand bruit à coup sûr à chaque épisode. Un sérieux concurrent à GTA qui promet de belles choses pour l’avenir de la série avec une ambiance réussie et un univers du piratage réellement innovant. Premier essai vraiment réussi en somme, et c’est déjà un bel exploit. Si Assassin’s Creed IV: Black Flag était la référence de la simulation de piraterie, Watch Dogs devient la référence de la simulation de piratage !