Test de Root Letter

Difficile de se faire une place au soleil en Europe lorsque l’on est un Visual Novel ? Malgré les apparences, nous sommes régulièrement servis de quelques titres tout droit venus du Japon, pays où ce genre est l’équivalent de ce que nous appelons jeux d’aventure. Au pays des romans interactifs, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir l’un des meilleurs que nous ayons fait depuis un grand nombre d’années, Root Letter, signé Kadokawa Games sur PS4 et PS Vita, qui nous a permis de nous évader dans une contrée lointaine pour suivre une histoire passionnante via notre test réalisé grâce à une version PS4 numérique offerte par l’éditeur.

Une histoire de correspondance

Trouvons-nous un scénario farfelue et une histoire d’amour à l’eau de rose dans Root Letter ? Absolument pas, même si le thème abordé par le titre de Kadokawa est assurément à placer sous le signe des relations humaines et de l’amitié. Mais sous ces airs enfantins se cache en réalité une histoire très adulte et assez complexe qui débutera aussitôt le générique d’introduction terminé. Vous incarnerez un jeune adulte d’une petite trentaine d’années qui retrouve des lettres de sa correspondante à laquelle il écrivait étant au lycée. En relisant quelques unes d’entre elles, Max se remémore qu’il n’a subitement plus eu de ses nouvelles, la dernière lettre datant d’une décennie, mais s’aperçoit également qu’une lettre sans timbre poste dormait sous la pile de courriers depuis des années. Dans cette ultime missive, Aya Fumino, nom de sa douce correspondante vivant à Matsue au Japon, lui annonce qu’elle vient de tuer un homme, et qu’il ne faudra plus jamais lui écrire, ni chercher à la contacter.

Que fait notre cher Max ? Nous voilà donc dans le train pour aller de Tokyo à Matsue et tenter d’en savoir plus sur cette histoire. Nous ne spoilerons pas plus le scénario de Root Letter, mais sachez que vous n’allez pas forcément soulever des souvenirs agréables, et que vous rencontrerez énormément de personnages qu’il faudra faire parler, parfois par la force (verbale, nous ne sommes pas dans GTA 5 !) pour réunir des informations et renseignements. En somme, l’histoire de Root Letter vous place peu à peu dans la peau d’un enquêteur qui se lance dans une mission trouble à rebondissements…

Un suspens qui tient en haleine

En temps normal, un Visual Novel met un temps fou à faire décoller son histoire en nous floodant de textes souvent répétitifs, de descriptions qui n’en finissent plus, et de plans fixes qui restent beaucoup trop longtemps en place. Ces quelques défauts très présents dans le genre sont pourtant quasi totalement absents de Root Letter, qui respire la fraicheur et l’entrain du début à la fin du jeu. Kadokawa Games a réussi a nous servir une recette qui fonctionne très bien dans son jeu, pour en faire un Visual Novel agréable, truffé de petites idées amusantes, de passages plus rythmés et de séquences de gameplay amusantes qui ne vous feront pas voir les heures passer. Ne nous méprenons tout de même pas, Root Letter reste fidèle à ses aînés, mais le degré de fun qui s’en dégage est très supérieur. Pourquoi avons-nous tant apprécié l’aventure ?

Première chose, le character design des personnages est excellent. En frôlant les clichés, en s’amusant avec, les scénaristes ont imaginé des personnages aux multiples facettes, capables de vous faire rire comme pleurer, et de vous berner comme vous inspirer confiance tout en changeant d’attitude au cours du jeu. Le gros plus d’un Visual Novel étant de ne pas trop en montrer, l’imagination du joueur pourra élargir les apports graphiques pour ainsi interpréter de nombreuses discussions à sa manière, tout comme laisser libre cours à l’auto-suggestion dans les tableaux traversés, véritables oeuvres d’art pour beaucoup. En effet, si l’industrie des jeux vidéo est capable de s’exprimer à grands coups de millions de dollars dans des moteurs graphiques qui touchent maintenant le photo-réalisme, Root Letter est davantage à placer dans la catégorie des jeux indépendants, l’équipe de développement n’étant pas aussi massive. Il n’empêche pourtant que les artistes ont donné à Matsue une réplique graphique fantastique, où l’impression de regarder des tableaux de grands peintres est souvent là.

S’il y a peu de chances pour que la cible européene et américaine de Root Letter ne reconnaisse les environnements du jeu, sachez donc que le Matsue du titre est le même que dans la réalité. On déambulera donc dans différents quartiers, dans différents lieux qui auront pour certains beaucoup de choses à vous dire, puisque l’enquête ne se résoudra pas d’elle-même et qu’il faudra beaucoup chercher et vous promener. Pourtant, là encore, Root Letter ne fait pas dans le lourd, avec un level design vraiment novateur pour un Visual Novel. Les développeurs ne vous feront perdre que très peu de temps à chercher votre chemin, puisque le jeu vous orientera directement là où vous devez aller si aucun choix n’est possible pour explorer différentes pistes. Par exemple, si un personnage avec lequel vous parlez dans un bar vous dit d’aller rendre visite à untel dans un parc pour en savoir plus, le jeu vous téléportera directement là-bas sans vous obliger à passer par 4 ou 5 écrans de menus.

Côté gameplay, sachez par ailleurs que vous ne ferez aucun déplacement, mais vous téléporterez de lieu en lieu, en ayant toujours un écran fixe à admirer. C’est d’ailleurs là où Root Letter nous a déçu, puisque nous aurions vraiment aimé pouvoir regarder certains points clés du scénario avec des vraies cinématiques. On ne peut pas reprocher à un Visual Novel d’être un Visual Novel, mais l’explosion scénaristique méritait plus marquant que des animations sur dessins fixes. Malgré tout, la monotonie est inexistante, puisque les phases de lecture et d’enquête sont entrecoupées de recherche à la loupe sur les environnements, de questions à choix multiples, et surtout d’interrogatoire qui clôturent chacun des chapitres du jeu. Par exemple, il faudra cuisinier l’un des personnages en lui présentant des preuves que vous irez chercher dans votre inventaire, ou en posant les questions qui fâchent et qui les feront douter. Des séquences de « Max Mode » se déclenchent même lorsque l’on arrive à un point clé de l’interrogatoire, ce qui ne manque pas de faire monter la pression au joueur, les erreurs n’étant pas acceptées indéfiniment (6 essais).

Si toutes les séquences de gameplay ont bien été pensées, on notera quand même des erreurs de traduction assez fortes lors des « Max Mode ». Non pas que nous parlons japonais sur le bout des doigts, mais même sans rien comprendre à la langue, on voit bien que certaines phrases à sélectionner pour « gagner » ont un sens qui est à l’opposé de ce qu’il aurait fallu dire. De petits problèmes de traduction absents de la quasi intégralité du jeu, heureusement. D’ailleurs, puisque nous parlons de traduction, Root Letter ne fait pas mieux que ses copains en étant uniquement sous-titré en anglais, avec les voix japonaises. Quand pourrons-nous enfin faire un Visual Novel en français sur consoles ? Très bonne question, mais cela ne semble pas près d’arriver !

Root Letter – Notre coup de coeur 2016 !

Nous ne faisons pas des dizaines de Visual Novel par an, mais Root Letter nous marquera plus longtemps que les autres, c’est une certitude. Avec une histoire formidablement narrée et très bien adaptée à un jeu vidéo là où beaucoup d’autres oublient ce point ludique en assomant de lignes de textes (inutiles), le titre de Kadokawa a tout pour vous séduire : son scénario, sa narration, ses graphismes, des phases de gameplay sympathiques, une enquête passionnante, une bande son géniale, une durée de vie honnête pour le genre (12 heures pour le terminer, ce qui débloque 3 scénarii alternatifs avec plusieurs autres fins), et des personnages très attachants. Le seul problème est sa non localisation en français, même si le niveau d’anglais est par exemple moins complexe que dans Stein Gate Zero, autre Visual Novel sortant peu de temps après lui. Dans tous les cas, si vous parler et comprenez un anglais scolaire, nous vous recommandons chaudement Root Letter, l’un de nos coups de coeur de cette année 2016 !

Verdict : 18 / 20

  • Sadako

    Journaliste gaming et high-tech depuis 2009, je suis "Vanlifer" depuis 2021, dans mon camping-car équipé pour travailler sur les routes tout comme pour profiter de bons moments de détente !

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