Test Preview de WRC 6 - Nos impressions sur le dernier né de Kylotonn

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, par Thomas

Pas franchement acclamé par la république populaire des joueurs lors de sa sortie en 2015, WRC 5 avait fait crisser beaucoup plus de joueurs que de pneus. Le sixième opus, dont la sortie est programmée pour le 7 octobre 2016 entend bien corriger les errements et les erreurs de son grand frère.  A quelques jours de sa sortie officielle, WRC 6 exhibe sa conduite à travers deux heures de gameplay virevoltantes.

Premier jet, demi-teinte

Difficile de comprendre le chemin parcouru en un an par les développeurs de WRC 6 sans connaître les défauts que WRC 5 exhibait dès les premières heures de jeu. A travers une courte session de questions / réponses avec les développeurs français de Kylotonn, il nous a été confié que les critiques les plus acides des joueurs avaient été entendues et corrigées dans ce WRC 6. Un blabla classique et pour le moins rébarbatif quand il vient d’un développeur AAA type Ubisoft, mais le scepticisme ambiant que l’on montre envers le géant français prend la forme d’une douce tape sur le dos pour Kylotonn. Difficile d’en vouloir aux développeurs de WRC 5 tant leur bonne volonté transpire l’authenticité.

Si l’on se concentre sur les spécifiques de ce qui clochait dans WRC 5, les joueurs avaient mentionné pas mal de points pour le moins décevants. Tout d’abord, des graphismes en papier d’aluminium et une finition inexistante. Sur ce point, difficile d’être surpris : Kylotonn en était à l’époque à leur premier essai sur WRC et ne disposait pas d’un budget des plus vrombissants. Les textures manquaient en effet de finesse et de doigté et arboraient un clipping et un aliasing digne d’un feu d’artifice du 14 juillet. Bien pire encore, le jeu était beaucoup trop souvent ponctué de bugs divers et variés des plus crétins : du copilote muet aux erreurs de cryptogrammes à l’écran ; des chutes ascensionnelles inattendues aux plantages dispensables. Bref, WRC 5 n’était pas exempt de tout reproche, loin s’en faut, mais portait en lui les stigmates naturels du manque d’expérience. 

En revanche, ce qu’il ne réussissait pas techniquement, WRC 5 le réussissait volant en main. Pour n’importe quel joueur qui pouvait passer au-dessus de ses défauts de jeunesse, les sensations volant en main étaient des plus réussies et le plaisir instantané. Les fans de WRC trouvaient leur repères facilement, à travers un contenu carré et complet (notamment un mode carrière plutôt réussi) et surtout le contenu officiel WRC : pilotes, voitures du championnat, catégories : tout y était, rien ne manquait. Pour parachever cette belle harmonie, le moteur physique fonctionnait à plein poumons, à l’image des voitures dont le moteur vrombissait délicieusement. Quand le tout s’ajoutait, il était difficile d’ignorer le potentiel évident du jeu de Kylotonn qui, la valeur des années s’ajoutant, reviendrait tel Pamela Anderson, plus jeune et plus requinqué que l’année d’avant. La Pamela Anderson de Kylotonn s’appelle donc WRC 6.

Une métaphore avec Pamela Anderson

Tout l’enjeu de Kylotonn était d’amener WRC 6 à un niveau graphique et technique plus acceptable que son aîné, tout en essayant d’affiner les sensations de jeu. Sur l’aspect technique tout d’abord, bonne nouvelle : soucieux de resserer les boulons après un premier jet pas superbe graphiquement, Kylotonn a pris la décision d’abandonner le cross-gen : WRC 6 ne sortira que sur les consoles current-gen et PC. Un détail pour vous, mais pour eux, visiblement ça veut dire beaucoup : le jeu est graphiquement beaucoup plus abouti, chirurgicalement refait de bas en haut. Bien sûr, comme dans toute chirurgie qui dépote, il subsiste çà et là quelques ecchymoses, de l’aliasing et du clipping qui seront certainement traités à coups de patchs antiseptiques. Rien de bien inhabituel cependant, après être passé sur le billard. Qui plus est, cette refonte technologique profitera aussi d’une toute nouvelle fonction qui créera la végétation et les conditions météorologiques. Pour ce qui est d’une météo dynamique, cependant, il faudra repasser. Bien qu’il soit toujours dommageable de ne pas profiter de ce qui se fait dans d’autres jeux de voitures, il faut avouer que la pertinence d’une météo dynamique dans une course WRC reste à prouver, les courses ne durant que 5 à 8 minutes chacune.  

Mais le gros du travail de Kylotonn s’est concentré sur des sensations de jeu vraiment beaucoup plus abouties. Il faut dire que le studio français s’est payé l’expérience d’un externe de qualité en la personne de Sébastien Chardonnet, champion du monde WRC-3. Un peu à la manière de Dr.House, ce monsieur-je-sais-tout du rallye français est venu ponctuer le jeu de ses expériences et de son savoir. Le résultat est instantané : la conduite est beaucoup plus précise et prend maintenant en compte le terrain sur lequel la voiture passe. Ainsi, selon que le joueur traversera de l’asphalte, de la boue ou de la neige, il faudra qu’il modifie sa façon de conduire. Cet ajout, à première vue dispensable, donne une vraie dimension supplémentaire au titre de Kylotonn. Le nerf de la guerre se trouvera alors à présent dans la répétition, le dur labeur. Le joueur devra être bien au courant du tracé, savoir de quoi il est composé et au besoin de le refaire, encore et encore, un peu comme quand on apprend à jouer d’un instrument.

Volant en main, l’immersion est ultra jouissive pour peu qu’on ait la configuration la plus optimale possible. Difficile, évidemment, d’installer un cockpit de voiture dans son salon, mais, un volant s’avère être l’outil indispensable si l’on veut profiter de tout ce que WRC 6 a à offrir en terme de sensations. Le vrombissement des voitures, leur moteur brulant et haletant, les coups de frein intenses qui nous feraient presque sauter du siège : rien n’a été oublié.

Enfin, cette chirurgie esthétique a été agrémentée d’une liposuccion des plus utiles, puisque les tracés ont été rendus plus étroits pour éviter aux petits tricheurs de grappiller quelques précieuses secondes en coupant les virages. Et aux petits malins qui tenteraient malgré cela de joncher le bord des routes, Kylotonn a trouvé la parade ultime : cailloux, arbres et autres fossés se trouveront sur leur chemin, comme pour prouver que la chirurgie esthétique ne peut tout de même pas effacer toutes les imperfections, et c'est beaucoup mieux comme ça. 

Ce WRC 6 a tout d’une simulation de rallye assumée. Que les connaisseurs de rallye s’en ravissent, et que les néophytes soient prévenus : WRC 6 sera dur à séduire. Tout nouvellement refait, il profite d’une confiance en lui à toute épreuve, et les nouveaux venus se prendront quelques râteaux disgracieux. Pour autant, le dernier de Kylotonn sait aussi se montrer gratifiant à tous ceux qui n’ont pas pour coutume d’abandonner facilement. En moins de temps qu’il ne faut pour dire "Pamela Anderson" il se verront maîtriser les nuances et les méandres de ce WRC 6 jusqu’à ne plus pouvoir le lâcher… Le grand amour, en somme.