L'Art dans le jeu vidéo, l'exposition parisienne qui met le jeu vidéo à l'honneur

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, par Valentin Thévenot (South)

Installée au musée d'Art ludique, l'exposition L'Art dans le jeu vidéo - l'inspiration française est la première exposition internationale relative à l'Art dans l'univers vidéoludique. Ouverte jusqu'au 6 mars 2016, elle révolutionne l'image de ce média, régulièrement raillé dans la presse pour ses thématiques prétendument abrutissantes voire violentes. L'approche se veut ici, positive et éducative. Au fil des 800 oeuvres exposées, le public va ainsi découvrir l'envers du décor de la construction d'un jeu vidéo et la richesse créative dont celle-ci recèle.

Une promenade culturelle accessible à tous

L'un des grands points forts de cette exposition réside incontestablement dans l'image qu'elle véhicule du jeu vidéo. Celui-ci est en effet, dépeint comme un Art exigeant et mûri par une foule de créateurs talentueux. On comprend donc qu'au-delà de l'aspect "divertissement" de ce média, il y a une vraie réflexion dans le choix des messages, designs et environnements. Ceux qui ont déjà eu l'occasion de découvrir les jeux présentés, manette en main, découvriront malgré tout bien des ficelles auxquelles ils ne pensaient pas en jouant au produit fini.

Quant aux non gamers, qu'ils se rassurent, jouer aux jeux vidéo n'est absolument pas un prérequis pour apprécier l'exposition. Par-delà son aspect vidéoludique, celle-ci s'apparente tout à fait à une exposition d'Art contemporain et il n'y a nullement besoin de connaître toute l'histoire des sagas dont sont issues les œuvres pour s'extasier devant leur beauté. Cette approche si particulière d'exposition traditionnelle tend à montrer au visiteur que le jeu vidéo est tout autant un Art que peuvent l'être par exemple le cinéma, la musique, la peinture ou encore la littérature c'est à dire des arts plus traditionnels.

A ce titre nous ne pouvons que vous inciter à vous y rendre avec vos parents afin de partager avec eux cette expérience d'un nouveau genre. Leur génération, peu familiarisée avec ce nouveau média, peine souvent à le comprendre et cette exposition artistique grand public peut donc être l'occasion d'un dialogue intergénérationnel sur le sujet. Par extension, la prochaine fois que l'on vous priera d'abandonner canapé et console au profit de la lumière du jour, vous pourrez aisément faire valoir que non, vous ne légumez pas devant un écran, vous explorez une œuvre d'art tel le visiteur d'un musée contemplant un tableau. Et toc !

Le jeu vidéo, un art perméable aux arts traditionnels

Outre la revalorisation artistique d'un domaine de création mal perçu, l'exposition établit également des passerelles entre le jeu vidéo et les différents arts classifiés (ndlr : les arts traditionnels sont classifiés en 10 catégories). Au cours de notre parcours au travers des différentes salles, on découvre ainsi la place privilégiée des croquis dans la création d'une œuvre vidéoludique, l'importance des sculptures préalables à la modélisation 3D ou encore les échanges d'influences entre cinéma et jeux vidéo. Le jeu vidéo apparaît alors comme un art au croisement de nombreux autres, bien moins isolé et étanche qu'on pourrait le penser de prime abord.

Cette mise en perspective par le prisme des spécialistes et techniques divers révèle toute la richesse du média vidéoludique. Certaines œuvres préparatoires au jeu vidéo final pouvant aisément être considérées comme se suffisant à elles-mêmes en tant qu'œuvre artistique. Seule la musique est finalement l'un des rares arts à ne malheureusement pas disposer à lui seul, d'un espace dédié au sein de l'exposition.

Si certains passages musicaux sont bien perceptibles à plusieurs moments de notre visite, il s'agit avant tout de boucles de courte durée dont le rôle est avant tout de camper une ambiance. On regrettera donc un peu l'absence d'interviews de compositeurs aux côtés de celles des créateurs des tenues des personnages, du scénario ou des décors. Malgré tout, cette absence se doit d'être relativisée pour des raisons matérielles car il aurait probablement été difficile de mettre à la disposition du public ce type de création sans parasiter les propos des créateurs diffusés dans les salles connexes.

Une ambiance immersive au cœur des plus grandes sagas

L'agencement et l'aménagement des différentes salles sont réalisés de façon pertinente. Celles-ci suivent d'ailleurs globalement le parcours créatif des croquis préparatoires au rendu final sans négliger la multitude d'acteurs dont on ignore souvent l'existence. Disséminés tout au long de l'exposition, des écrans sont également présents pour retranscrire des interviews explicatives des différentes étapes de création d'un jeu vidéo. Les intervenants étant passionnés et pédagogues, c'est très immersif et enrichissant. De plus, le choix de l'éclairage valorise les œuvres exposées et certains visuels se retrouvent ainsi rétroéclairés de l'intérieur dans des salles obscures, le rendu est bluffant ! La dimension des visuels présentés fait également penser à de véritables toiles ce qui favorise l'aspect gigantesque des villes futuristes et des paysages enchanteurs.

Un écran concave de près de 6 mètres de large, met par ailleurs en scène un parcours immersif dans Assassin's Creed Unity. Grande attraction de l'exposition, il propose au spectateur de se promener dans le Paris de la révolution française et ce avec des personnages grandeur nature ! De l'île Saint Louis à l'intérieur de la Cathédrale Notre Dame de Paris, le spectateur n'a qu'à se positionner devant l'écran pour voyager à travers les siècles, le parcours étant réalisé sur rails spécialement pour l'exposition. "On devrait apprendre l'histoire de cette façon aux enfants dans les classes, c'est beaucoup plus parlant" déclara une visiteuse lors de notre visite. Outre les raccourcis pris par la licence, nous aurions pour notre part du mal à lui donner tort tant l'expérience nous a conquis.

Une exposition made in France, riche de styles variés

Ne nous y trompons pas, l'exposition L'Art dans le jeu vidéo s'attache bien à l'influence française c'est à dire aux créateurs et studios français. Pour autant, le visiteur y découvrira une multitude de styles et jeux vidéo divers et variés. Le spectre des œuvres couvertes concerne tant à la fois les jeux dans un style épuré et poétique comme peut l'être par exemple Dofus, que des œuvres aux graphismes ultra réalistes comme Far Cry 4 ou Remember Me. Quel que soit l'âge du visiteur, chacun y trouvera donc son compte puisque la richesse artistique est l'un des points forts de l'exposition. En sortant, on ne manquera pas de se dire qu'en dépit de la concurrence internationale dans le secteur vidéoludique, la France reste riche de nombreux talents artistiques dans des domaines très divers. Et ça, c'est quand même sacrément cool !

Une exposition à ne surtout pas manquer

Vous l'aurez donc compris, par son approche et son traitement du média vidéoludique, cette exposition offre une nouvelle approche très différente de ce que l'on a l'habitude de lire ou voir sur le sujet. Contribuant assurément au changement des mentalités, elle laisse par ailleurs entrapercevoir un (re)gain de considération pour les jeux vidéo. On ne peut à ce titre que se réjouir d'une telle initiative et on espère qu'il s'agira là de la première exposition d'une longue série. En attendant, il vous reste un peu moins de deux mois pour découvrir L'Art dans le jeu vidéo - l'inspiration française, exposition dont nous vous recommandons chaudement la visite.

Précisions techniques

L'exposition est située 34 quai d'Austerlitz à Paris et se terminera le 6 mars 2016. Elle est ouverte aux horaires suivants (hors vacances et jours fériés) :

- Lundi : 11 h 00 - 19 h 00 ;

- Mardi : Fermé ;

- Mercredi : 11 h 00 – 22 h 00 - Nocturne ;

- Jeudi : 11 h 00 - 19 h 00 ;

- Vendredi : 11 h 00 - 22 h 00 - Nocturne ;

- Samedi : 10 h 00 - 20 h 00 ;

- Dimanche : 10 h 00 - 20 h 00.

Si vous vous y rendez, il vous en coûtera 15,50€ en plein tarif contre 12€50 en demi-tarif (10€ pour les moins de 13 ans). Notez par ailleurs qu'en raison du plan Vigipirate attentat en vigueur dans la capitale, les sacs à dos, sac de voyage et valises sont interdits.

Note de la rédaction : Merci à South pour l'écriture de cet article et pour les clichés de l'exposition. Nous vous recommandons d'ailleurs de visiter son site, Ederweld.fr, vraie mine d'informations sur un autre art que nous portons aussi dans nos cœurs à Playerone.tv, la bande dessinée !