Test de Obscuritas

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, par Amaury Laguerre (Sadako)

Annoncé tardivement, peu de temps avant sa sortie sur PC via Steam, Obscuritas n'a pas eu l'occasion de nous en dire beaucoup durant sa phase promotionnelle. Il avait néanmoins réussi immédiatement à nous faire de l'oeil, nous qui sommes particulièrement amoureux de jeux vidéo atmsphérique, Survival-Horror et autres titres capables de mettre une bonne pression psychologique. Qu'en-est-il avec Obscuritas ? Verdict dans notre test réalisé à partir d'une édition Steam fournie gratuitement par l'éditeur, sur une configuration équipée d'un processeur i7-3820, d'une carte graphique GTX 970 et de 8 Go de RAM.

Une simulation de manoir hanté ?

Au démarrage de l'aventure Obscuritas, on fait immédiatement la connaissance de l'héroïne du jeu, Sarah, qui se voit remettre une lettre de testament de son oncle Arthur. Celui-ci lui explique que malgré des circonstances familiales délicates, il souhaite léguer à sa nièce sa maison de campagne qui n'est autre qu'un splendide manoir perdu dans la brousse. Nous n'en saurons pas plus pour l'instant, et pas beaucoup plus au fil de l'aventure, la narration d'Obscuritas étant quasi inexistante. Un point assez décevant tant le pitch de départ est aguicheur. Le jeu n'est pas totalement dénué de scénario une fois la cinématique d'introduction terminée, mais nous aurions aimé être mieux accompagné tout au long de notre visite des lieux qui renferment bien des étrangetés, des bruits mystérieux et des tableaux flippants. Le titre de VIS Games n'a pas reçu un financement très gros, cela se ressent, mais les développeurs auraient par exemple pu placer davantage de notes à lire, ce qui aurait un peu renforcé la connaissance d'un background qui apparait du coup assez sous-exploité.

L'arrivée de Sarah au Manoir...

Des graphismes et une technique atypiques

Dès la cinématique d'introduction, Obscuritas devrait rappeler, graphiquement, de bons souvenirs aux amateurs de Point'n'Click des années 90, comme Phantasmagoria par exemple. On retrouve en effet des graphismes qui font à la fois photo-réalistes et cheap, pour un résultat à l'écran très surprenant mais agréable. On félicitera surtout les graphistes du jeu d'avoir mis le paquet sur les effets de lumière et d'ombre qui donnent aux environnements des reflets et hallucinations visuelles parfaitement gérées. L'obscurité est naturellement ultra présente dans Obscuritas, pour un facteur qui rythmera votre partie dans son intégralité. Très sombres, les décors peuvent souvent être "allumés" par des interrupteurs, des bougies et autres lampions, mais vous ne distinguerez pas pour autant tous les détails des pièces. Il faudra compter sur votre lampe torche qui se chargera à son tour de vous faire des frayeurs visuelles, un point sur lequel nous reviendrons en abordant le gameplay du jeu.

Pour revenir aux graphismes du titre de VIS Games, on marquera surtout l'impression d'évoluer dans des décors en 3D pré-calculée à la Resident Evil vieille formule, mais en 3D temps réel. Le manoir du début du jeu est magnifique, les jardins également, mais on regrettera quand même quelques environnements moins réussis comme la cave et autres destinations qui apparaissent très ternes et moins charmantes aussi bien techniquement qu'artistiquement. Dans le rang des choses qui fâchent, on notera aussi une souplesse cadavérique de Sarah, des colisions hasardeuses (on passe à travers des portes selon leur sens d'ouverture), et une précision difficile à atteindre lorsque l'on explore les lieux. L'optimisation du titre est également assez bancale, puisque nous n'avons pas réussi à atteindre une bonne fluidité en réglant le jeu en Ultra avec une GTX 970 alors que le titre n'en demande, sur sa fiche technique, vraiment pas autant pour tourner. L'expérience Obscuritas sera en tout cas un plaisir pour les yeux, particulièrement si vous êtes fans d'Urbex et découverte de lieux sans vie.

D'autres environnements hors Manoir sont disponibles

Un gameplay intéressant mais lourdingue

Côté gameplay, Obscuritas souffle le chaud et le froid. En début d'aventure, on nous proposera durant quelques longues heures de simplement visiter les pièces du manoir en vue à la première personne à la recherche de clés pour ouvrir des portes fermées à la Resident Evil. Sur votre chemin, vous devrez résoudre quelques énigmes pas bien difficiles, mais diablement ardues à repérer dans les décors plongés dans l'obscurité. On passera donc des minutes interminables à fouiller les pièces pour trouver LA chose à faire, et ensuite s'atteler à la résoudre. Nous adorons les phases d'exploration dans les jeux de ce style, mais Obscuritas insiste beaucoup trop sur ce point. A la dixième tournée des pièces à la recherche d'un indice, notre patience touche ses limites. Pour explorer, vous serez en possession assez rapidement d'une lampe torche. Mauvaise nouvelle, cette pile électrique fonctionne avec des piles qui se consument à vitesse grand V.

Ce point a l'avantage de créer une gestion de la lumière à l'économie pour ne pas se retrouver à cours de pile, mais nous aurions quand même aimé pouvoir nous en servir un peu plus longtemps sans tomber en panne. C'est une ampoule de 30 000 watts dans la lampe de poche de tonton ? Mais le plus surprenant dans Obscuritas est la totale métamorphose du jeu une fois que l'on aura trouvé la porte de sortie du manoir. A partir de ce moment là, le jeu de VIS Games quitte son statut de jeu d'exploration horrifique basé sur des sons et des apparitions étranges pour se muter en véritable Survival-Horror où la mort est enfin devenue une option. Des courses poursuites, des résolutions d'enquêtes sous pression d'un ennemi féroce, Obscuritas prend vraiment du poil de la bête, avec un intérêt qui se renforce alors déjà plus que durant les longues phases de visite du manoir. 

Mais que ce soit dans sa première ou seconde phase de gameplay, Obscuritas ne profite pas d'un level design très attractif. Dans le manoir, les chapitres du jeu sont découpés de sorte à vous laisser toujours dans une zone plus ou moins grande de la demeure, sans checkpoint à l'intérieur. Si cette absence de point de sauvegarde intermédiaire n'est pas un problème à ce moment précis de l'aventure, elle le deviendra davantage lorsque l'on s'attaquera aux environnements externes au manoir, avec des séquences à refaire en boucle encore et encore. Lourdingue. On aurait également aimé pouvoir avancer autrement qu'en trouvant inlassablement des clés cachées ça et là. Certes, l'oncle de Sarah nous explique clairement qu'il a caché les clés pour nous apprendre à connaitre le manoir, mais à ce stade, nous pourrions carrément vous en faire une visite guidée les yeux fermés. Vous l'aurez compris, Obscuritas manque de diversité au niveau des mécanismes de jeu, alors qu'il assure l'essentiel sur le plan visuel et sonore, pour des facteurs de peur qui devraient vous surprendre à plus d'un recoin !

Une durée de vie surprenante

Très bon point pour le Survival-Horror de VIS Games, Obscuritas dure bien plus longtemps que prévu ! En d'autres termes, ne comptez pas voir la cinématique de fin avant un minimum de 13 / 15 heures. On aurait cependant aimé, sur ce laps de temps, largement moins tourner en rond à la recherche de l'indice caché. Le découpage en chapitres est en tout cas assez intelligent, pour une progression qui se fait plutôt agréablement si l'on excepte les phases "poisson rouge dans son bocal". Gros point fort également d'Obscuritas, sa bande son. En dehors du doublage de Sarah et de la voix off qui lit la lettre de départ, risibles, on félicitera surtout VIS Games d'avoir rempli Obscuritas de sons d'ambiance effrayants, de souffles mystiques, pour une spacialisation des bruits vraiment bonne. Quelques musiques angoissantes accompagneront également votre escapade, pour un titre à jouer absolument avec un bon casque audio, et la lumière éteinte pour tenter de distinguer quelque chose dans ces décors très sombres.

Un bon simulateur d'angoisse ?

Pour 20 euros, Obscuritas est plutôt une bonne surprise. Si d'autres jeux indépendants le surpassent haut la main, comme l'excellent Layers of Fear pour ne citer que lui, VIS Games nous propose un Survival-Horror en deux temps, avec des mécaniques de jeu intéressantes, bien que parfois assez lourdes. Si vous êtes en mal de jeux atmosphériques, l'achat de cet Obscuritas est plutôt à conseiller, pour un titre qui vous séduira autant par ses graphismes que sa bande son, et sa direction artistique toujours très intriguante. Beaucoup de points auraient pu être mieux gérés, mais à ce prix, nous jugeons que Obscuritas passe le contrôle technique avec succès. Pas inoubliable, mais agréable à parcourir !

Réalisation technique

14 / 20

Direction artistique

15 / 20

Level design

10 / 20

Gameplay

10 / 20

Scénario

7 / 20

Bande sonore

12 / 20

Durée de vie

16 / 20
  • Des graphismes atypiques mais agréables !
  • L'ambiance qui se dégage des lieux et pièces
  • On a toujours envie de voir le couloir d'après...
  • Quelques énigmes intéressantes à compléter
  • Très bonne bande son angoissante
  • Durée de vie surprenante pour un jeu à ce tarif
  • Mal optimisé
  • On tourne en rond trop souvent, trop longtemps
  • Le scénario qui s'évanouit bien trop vite
  • Background sous-exploité
  • Gameplay trop rigide
  • Vraiment trop sombre par endroit
  • La lampe de poche qui bouffe des piles à 100 à l'heure

Verdict

13 / 20