Test de Escape Dead Island

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, par Amaury Laguerre (Sadako)

Avant la sortie du très attendu Dead Island 2, maintenant dans les mains de Yager Interactive pendant que Techland a changé de camp avec Dying Light, Deep Silver a confié une mission de la plus haute importance à FatShark, à savoir faire le lien entre Dead Island et sa suite numérique via un opus inédit en Cel-Shading s'attardant sur un personnage lui aussi inédit, Cliff. Alors que tout se passe bien sur une bateau, Cliff et ses deux potes atterrissent sur une île de l'archipel de Banoï, différente de celle que l'on connaissait dans Dead Island. L'objectif du jeu est d'en savoir plus sur les premiers jours de quarantaine, et éventuellement sur les origines du virus qui a transformé l'archipel en Zombie-Land.

Un Cel-Shading en Mode Cache-Misère ?

Si Dead Island et Riptide nous avaient habitué à des graphismes plutôt jolis, force est de constater que les moyens financiers ne sont pas les mêmes chez FatShark. Ce point technique pourrait ne pas être un problème si le Cel-Shading était utilisé de manière cohérente. Dans Escape Dead Island, outre le trop grand changement artistique pour les fans de la série originale de Techland, on a davantage l'impression que cette technique a été utilisée en dépit d'un budget suffisamment grand pour propulser le titre. Avec du Cel-Shading, il est en effet moins coûteux et plus facile de produire des textures bas de gamme pour habiller un titre qui souffre de très nombreux problèmes. Les bugs vont vous secouer dans tous les sens, pour un panel d'erreurs assez grand comme la gestion des collisions à la rue, les passages à travers le sol, un clipping parfois énorme, une animation à faire mourir de rire un pensionnaire de maison de retraite et de gros problèmes de freezes / baisses dramatiques de framerate.

Ces problèmes techniques sont d'autant plus rageants qu'ils ne mettent pas en avant la bonne direction artistique de Escape Dead Island, et ont des retentissements directs sur le gameplay du jeu. En effet, on aurait pu découvrir une nouvelle île de l'archipel de Banoï dans de bien meilleures conditions si tout ces bugs n'étaient pas là. Les environnements arrivent à bien se renouveller, les ennemis un peu moins, et les situations proposées par les développeurs vous font toujours voir quelque chose de différent, avec quelques scènes cinématiques agréables à regarder. La direction artistique du titre est sans aucun doute son plus gros point fort, ou son point le moins faible, c'est selon.

  

Gameplay et Level Design Zombifiés...

Allez, un jeu vidéo avec des bugs et un moteur graphique pas tip-top, ça arrive, et ce n'est pas forcément un gage de médiocrité globale. C'est ce qu'on se dit avant de découvrir le gameplay et le level design de cet Escape Dead Island, qui accusent un Game Design tout entier à revoir. Côté gameplay, beaucoup de points nous renvoient directement au coeur des années 90' où des titres très raides comme Tomb Raider ou encore Hybrid Heaven (pour en citer un moins connu) faisaient notre bonheur. Vous vous plaigniez des coups dans l'eau avec les deux premiers Dead Island ? Escape va vous faire hurler de douleur tant il est compliqué d'arriver à ses fins avec les armes blanches du jeu. Notre cher Cliff, sans doute grand amateur de ciment en guise de nourriture, est lourd, lent, fragile comme un sucre sous la pluie, c'est un fait. Si les ennemis étaient construits sur le même concept, on aurait pu s'en tirer, mais les développeurs ont eu la riche idée de mettre des Zombies à la fois rapides, puissants, et dangereux de près comme de loin pour certains d'entre eux. Quelques QTE réussis sont là, mais vous serez davantage obsédés par cette jauge d'effort qui se vide à vitesse grand V, l'aspect infiltration complètement inutile à cause des bugs, et des munitions pour les armes à feu qui sont aussi rares que les oasis en plein désert.

Le gameplay est donc très old-school, dans le mauvais sens du terme, et absolument pas agréable à utiliser. Côté level-design, le constat est tout aussi catastrophique avec des checkpoints hyper mal placés, une IA ennemie qui réagit toujours étrangement, et une difficulté ultra frustrante qui vous forcera très souvent à vous retaper en boucle des phases de jeux de 10 minutes. L'interaction avec les décors est inexistante, aussi bien qu'il faudra contourner une toute petite marche de 15 centimètres de hauteur pour emprunter un escalier, par exemple, ou en faire de même pour tout ce que vous pensiez escaladable. Enfin, pour en finir avec ce Game Design périmé, sachez que les missions proposées par Escape Dead Island sont quasi toutes chiantes, puisque vous proposent soit des affrontements contre des vagues de Zombies, soit des aller-retours interminables à effectuer, des séquences d'infiltration cheatées (merci l'IA des Zombies...), et quelques affrontements horriblement difficiles contre des nouveaux ennemis encore plus puissants que la moyenne en guise de présentation. La mauvaise nouvelle est qu'une fois un nouveau type d'ennemi rencontré, celui-ci sera présent dans les hordes rencontrées... Du pur bonheur !

  

Une Torture Virtuelle ?

En cherchant loin, on ne trouve pas grand chose à sauver dans Escape Dead Island qui n'apporte strictement de positif à la série. Même côté scénario, le jeu se permet de nous ramener un personnage jadis disparu, ce qui fait encore une fois tâche dans le paysage. La bande son est correcte, et la durée de vie aurait pu l'être aussi si ce n'était pas une telle torture pour avancer dans l'histoire. A noter que le jeu vous conseillera de le parcourir deux fois pour voir toutes les subtilités du jeu, mais en aurez-vous vraiment la force ? En dehors de ses environnements, Escape Dead Island est un jeu raté, qui n'a absolument pas sa place dans votre ludothèque, sauf peut-être pour agrandir votre collection, à petit prix. Ni les fans, ni les curieux qui n'ont pas fait les deux premiers Dead Island et qui souhaitent s'orienter vers Dead Island 2 ne trouveront de bénéfice en ce Spin-Off. S'il était sorti au début des années 2000, nous aurions peut-être su lui pardonner ses faiblesses, mais en 2015, cela ne fonctionne pas du tout. Dommage.

Réalisation technique

8 / 20

Direction artistique

14 / 20

Level design

5 / 20

Gameplay

5 / 20

Scénario

10 / 20

Bande sonore

13 / 20

Durée de vie

12 / 20
  • Un autre regard sur la série
  • Le test ultime de patience pour un recrutement
  • Des bugs, des bugs, et encore des bugs...
  • Gameplay tout sauf agréable
  • Les missions, chiantes à souhait
  • Un scénario qui n'apporte pas grand chose à la série
  • Un Game Design périmé de 15 ans
  • La difficulté aberrante de certains passages

Verdict

7 / 20